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Seul sur les terres de l'ours blanc

Seul sur les terres de l'ours blanc
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19 janvier 2010

25 Octobre - Mes nuits sont plus longues que vos jours

La tempête du 23 a sensiblement modifié les conditions de mouillage de Vagabond. Les amarres qui reliaient le pont arrière à la chaîne de l’ancre (seul point de fixation du bateau sur le côté ouest) ont rompu. Lorsque Vagabond s’est remis à flot (12 heures après son échouage), il n’était donc plus du tout tenu par l’arrière et se positionnait automatiquement face au vent. Ce qui en vend de secteur nord rendait la vie à bord inconfortable : car le peu de mer qui peut entrer dans la petite baie le fait par l’ouest. Le bateau roule alors sans cesse…

Je n’ai pas encore réussi à reprendre l’arrière du bateau sur la chaîne d’ancre, comme c’était le cas avant la tempête. En revanche, j’ai pu placer une haussière sur l’arrière bâbord, ancrée sur la berge, au nord-ouest. Ce qui me permet de réorienter le bateau dans un axe est-ouest, beaucoup plus confortable. Mais ce nouvel arrimage reste fragile et précaire…

En outre, le vent a ramené de la glace dans la baie cet après-midi, stabilisant encore le mouillage. Pourvu que ça dure un peu…

Début de soirée : le ciel se dégage complètement. Une lune pleine s’est levée, comme un jour nouveau, au nord-est, au-delà de la baie AgardhbuktaAgardhbukta. Elle éclaire maintenant les montagnes enneigées et le glacier InglefieldInglefield. A 22 heures, je grimpe dans le mat pour profiter du spectacle.

En cette saison, les « jours » de beau temps ne sont pas légion au Svalbard et j’ai cru remarquer, ces derniers temps, que le ciel était parfois moins encombré la nuit. Mais rien d'étonnant à cela, finalement, car cette dernière étant maintenant bien plus longue que le jour, il y a en effet plus de probabilité que les créneaux de beau temps soient nocturnes…

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19 janvier 2010

23 Octobre - Vamos a la playa !

A nouveau, le vent ! Il forcit franchement dés le début de matinée, et je sais avant même d'avoir quitté ma bannette que c'est en train de tourner au vinaigre : les growlers cognent de plus en plus fort contre la coque de Vagabond ; et si ces machins-là sont dans les parages, c’est que ça souffle d’ouest…

Vers 10 heures, les choses viennent encore à se gâter...

Entre le bateau et la glace environnante, il y a très souvent des mouvements différentiels : le bateau est fixe (à peu près) et la glace se balade autour, au gré des vents et des marées. En revanche, les fameux growlers sur lesquels Vagabond à cogné une partie de la nuit ne sont pas tout légers et, une fois déposés par l'action combinée de la tempête et de la marée, ils sont en principe « tankés », immobiles, échoués sur le fond limoneux de la baie.

Hors là, assis dans le carré, je constate que les growlers se mettent en mouvement et semblent même remonter contre le vent !

Le temps de réaliser que quelque chose ne tourne pas rond... que dans ces conditions, les growlers ne peuvent physiquement pas bouger... qu'il n'y a que Vagabond qui puisse le faire... le mouvement s’accélère, le bateau prend de la gîte (ça valdingue en cuisine et dans le carré…), l’alarme GPS se met en marche ! Cette fois, c’est sûr, l’ancre a dérapé.

Et pour la seconde fois en 3 jours, je me retrouve sur la plage. Mais cette fois, vent de travers. Le voilier gîte de 10 à 20 degrés sous la poussée des vagues. J’éteins le poêle, range ce qui menace de tomber, enfile botte et parka (s'il fallait évacuer le bord d’urgence, ce serait tout de même plus approprié que les charentaises et le pyjama…).

Pour le reste, « wait and see » ! Que puis-je faire de toute façon ? Rien. Absolument rien. Alors, tachons de ne pas stresser outre mesure...

Je contrôle de temps en temps l’anémomètre : il grimpe de 50 à 60 / 65 nœuds établit, avec des pointes à 70 nœuds (environ 130 km/h). Je jette régulièrement un œil dans la mature car je m'inquiète des contraintes qui doivent s’exercer dans les haubans… Du côté des chiens, rien à signaler…

Vers 16 heures, le vent s'est quelque peu assagi. Le bateau est maintenant stable, pris dans la glace que la tempête d’ouest a ramené, et les vagues sont bien moins mauvaises. Il fait 2 petit degré lorsque je me décide à rallumer le poêle (la situation, de ce point de vue là, n'a rien de critique, mais ça n’est pas une raison pour s’entêter dans l’inconfort).

Dehors, les chiens hurlent mais je n’ai pas le courage de descendre à terre pour les nourrir : vous attendrez bien demain, les copains !

En profitant des toilettes avec vue sur la mer (la bateau échoué, ça veut aussi dire : plus de groupe électrogène – et il faut donc limiter sa consommation d’électricité en conséquence – mais aussi plus de toilettes à l’intérieur…), je remarque les traces de pas, toute fraîches, sur la rive, à dix mètres du bateau : un ours est passé par là il y a moins de 2 heures. Peut-être même, moins d’un quart d’heure… Et il semble même qu’il soit passé entre le bateau et les chiens…

18 H 30. Les chiens hurlent toujours. Je les suspecte de vouloir me donner mauvaise conscience…

A vrai dire, un poil plus de sérénité pour ce 23 octobre ne m’aurait pas dérangé plus que ça… Tiens, c’est vrai ça, je suis venu avec une bouteille… ! Mmouais… j’attendrai qu’il y ait moins de degrés dans la gîte de Vagabond (ça tourne maintenant autour de 13 degrés) que dans mon vin pour fêter mon anniversaire !

19 janvier 2010

22 Octobre - Une bien petite chose...

J’ai de temps en temps la visite de phoques au fond de ma petite baie. Le plus souvent, il s’agit de phoques annelés (aussi appelés phoques marbrés), de loin les plus communs au Spitzberg. Que viennent-ils chercher par ici, sur les fonds très limoneux de ces petites baies fermées : des mollusques, des bivalves, des crabes ou bien encore des araignées de mer… ?

En descendant nourrir les chiens, alors que j’ai déjà pris pied dans l’annexe, un phoque (cette fois, il semble s'agir d'un jeune phoque barbu) vient me rendre visite et tourne un long moment autour de Vagabond et du dinghy. Curieux et joueur, il n’hésite pas à s’approcher de moi… jusqu’à poser sa tête sur le plat-bord de la petite embarcation…

Pas de vent et pas de visibilité. Des nuages très bas stagnent au-dessus du Spitzberg. Dans ces conditions, l’obscurité s’empare des lieux dés 15 heures. Pour la première fois, je me fais une idée de ce que peut vouloir dire 24 heures de nuit… Et pour la première fois, je ressens une légère sensation d’oppression. La sensation que mon espace, mon « territoire » va se limiter de plus en plus au bateau. Une bien petite chose isolée au bout du monde : voilà ce que je suis…

18 janvier 2010

21 Octobre - Vaches maigres pour les ours

Ciel couvert. Si bien que le crépuscule s’installe dés 16 heures.

Mais pas un souffle d’air, ce qui est toujours appréciable.

En début d’après-midi, j’ai vu mon ours en bord de mer, parmi les growlers, sur la rive sud-ouest de la baie ; Je dis « mon ours » car je suis maintenant à peu prés certain qu’il s’agit du même individu que j’observe depuis le début.

Cela n’est d’ailleurs pas très surprenant ; l’été et l’automne - alors que la banquise s’est retirée vers le nord - sont généralement des périodes de vaches maigres pour l’ours. Il y aurait alors deux types de comportements remarqués : les individus qui suivent cette « migration » des glaces et ceux qui attendent sur un « territoire » donné.

Le plantigrade qui va et vient sur la bordure sud de la baie d’Inglefield fait certainement partie de cette deuxième catégorie. En attendant que se reforme la banquise - élément nécessaire pour qu’il puisse de nouveau chasser le phoque -, il erre sur une zone plus ou moins réduite.

En suivant ces empreintes, j’ai pu repérer aux jumelles, un peu en amont de la berge, une zone où il a dû somnoler  quelques temps : sur une surface de quelques dizaines de mètres carrés, plusieurs trous grossièrement creusés sont visibles : les « couches » de notre ours…

18 janvier 2010

20 Octobre - Boucan d'enfer

Mauvaise nuit, pas bien dormi. Le vent s’est remis à souffler hier soir, avec une vigueur soudaine. Ce matin, c'est un boucan d'enfer... Le vent siffle dans les haubans, sans arret des growlers cognent contre la coque du bateau. C’est la tempête…

Je me lève en me demandant dans quel état je vais retrouver mon environnement immédiat. Et surtout où je vais retrouver le bateau...? Car un vague pressentiment me dit qu’il s’est passé quelque chose pendant mon demi-sommeil…

M... , je suis échoué sur la plage ! La pointe avant du bateau est posée sur le sable, à quelques mètres des chiens. Foutu vent du sud, me voilà bien ! Je m'habille à la hâte, sors sur le pont et tente quelques vaines manoeuvres : j’ai beau donné des tours de winch sur les aussières, pas moyen de se sortir de là.

Certes, je suis plutôt du genre marin d'eau douce, mais il me semble tout de même que le contexte normal pour un bateau est de flotter… J'en conclue que la situation à quelque chose de critique. Petit coup de fil à Eric :

« Ne t’inquiète pas trop si le bateau est posé sur des sédiments, il ne peut rien lui arriver de grave ! C’est plus une question d’inconfort car alors tu ne peux plus utiliser ni le groupe électrogène, ni les toilettes. De toute façon, attends de voir et laisse passer 2 ou 3 marées, les choses vont peut-être se remettre en place d’elles-mêmes… Tu sais, c'est la saison qui veut ça. Tu es dans la période des tempêtes ! »

13 heures, le baro indique 985 mbar. Mmouais, pas fameux (à combien a-t-il pu descendre cette nuit ? je donnerai bien ma langue au chat…). Pourtant les nuées se déchirent et se colorent de gris cendre, de bleu, de rose, d’orange, laissant apparaitre ici et là des trouées de ciel bleu.

14 heures. Plus un souffle de vent mais de gros mouvements d’eau et de glace fondante vont et viennent au fond de ma petite baie. Sur la rive nord de la plage, la mer écume et projette des gerbes d'eau à 3 ou 4 mètres de hauteur. Démonstration des forces en présence…

15 heures. Le vent rentre de nouveau en scène, de secteur ouest cette fois. Avec des rafales atteignant déjà les 30 nœuds…

16 heures. Je suis à terre. Un coup d’œil sur Vagabond montre l’évidence : on est proprement échoué, il ne fait aucun doutes à ce sujet. Quand et comment va-t-on se sortir de là ? That’s the question !

17 heures. Lorsque je remonte à bord, je suis à nouveau en suée. Tu parles d’un lieu de repos ! Entre le déménagement des niches et la tempête, ça fait 3 jours que je m'adonne aux « grandes manoeuvres ».

18 heures. La marée descend, le navire gite, ça secoue un peu : la position n'a, en effet, rien de bien confortable. Unique intérêt : les chiens ne sont vraiment pas loin. La proximité du bateau doit même les divertir un peu…

19 heures. Le vent se renforce et atteint maintenant, dans les rafales, la vitesse de 40 nœuds (70 bon km/h). Le bateau gite par à-coups sur tribord. Ça cogne de plus en plus. Mais tout à coup, Vagabond se met à bouger. Ne percevant pas précisemment ce qu'il se passe du fais de l'obscurité totale, je bondis du carré à la timonerie et contrôle la position avec le GPS : il confirme le « déséchouage ». J’allume le phare et regarde la berge s’éloigner progressivement. Une situation beaucoup plus satisfaisante...

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18 janvier 2010

19 Octobre - Ultime caresse solaire...

Fin de matinée, – 13 °C. Je grimpe dans la mature et me poste à la vigie afin d'observer le soleil se lever au-dessus de la moraine, au sud-sud-est précisément. Dans la baie, autour de Vagabond, une glace nouvelle s’est formée, avec cette géométrie particulière, en nénuphar, que les anglophones nomment « pancakes »…

11 H 46, l'instant est symbolique : durant une poignée de minutes, le soleil tangente sur mon horizon sud, constitué au premier plan par la large moraine qui sépare les glaciers Inglefield et Arnesen, et au second par la butte arrondie que forment les montagnes Lundquist. Symbolique et remarquable puisque je ne reverrai plus l’astre solaire avant mon retour en Norvège continentale, dans deux mois…

Début d’après-midi. Je descends à terre en combinaison de survie tout en poussant le dinghy devant moi : la jeune banquise n’est guère épaisse, et même affublé de cet acoutrement, la sensation de sentir la mince couche de glace se dérober sous ses pas n'est jamais très agréable…

Là, à 300 bons mètres de moi, une forme immobile, vaguement jaunâtre et qui sort plus franchement de l’eau que les petits growlers alentours… A n’en pas douter, c’est l’ours de la journée. L'usage des jumelles me confirment effectivement la présence d’un ours, quasi immobile, immergé dans le bain glacé jusqu’à hauteur d'épaules. Il ne nage donc pas et j’en conclue qu’il repose sur un growler ou un haut fond. A bien regardé, il semble se nourrir (seul sa tête bouge, par mouvements réguliers). Aurait-il attrapé un phoque dans le brash ? Pas évident.

Fin d'après-midi, l'animal se hisse sur la fine couche de glace et repart d'un pas lent vers le front du glacier. La banquise cède sous son poids. Il ne semble pas faire cas de cette nouvelle immersion et se met à nager rapidement, apparemment peu gêné par la purée de glace dans laquelle il se meut…

15 janvier 2010

18 Octobre - Soda sur la riviera arctique

Ce matin, comme tous les matins jusqu’à présent, lever juste un peu avant 9 heures pour faire le relevé météo quotidien : position exacte du bateau, pression atmosphérique, température du moment, températures maximales et minimales enregistrées durant les dernières 24 heures, vitesse et direction du vent, couverture nuageuse, visibilité…

Pas de vent et une belle éclaicie au sud-est, au-dessus de Storfjord. En ce milieu de matinée, un soleil invisible éclaire d'une lumière pourpre et diffuse le haut des sommets, à l’ouest et au nord.

Je profite de cette accalmie pour réaliser la manipe qui me tracasse depuis quelques jours déjà : je trouve les chiens trop éloigné du bateau, il me faut rapprocher leurs niches pour maximiser les chances de les entendre en cas d'alerte

10 H 30 : je rejoins la rive avec l’annexe, hisse l'embarcation sur la berge, y attelle les 3 chiens (un peu d’exercice fera le plus grand bien à mes « feignasses » !) et c’est parti pour le déménagement : les 3 niches tout d’abord, puis un maximum de glace pour entraver celles-ci définitivement… Charger, décharger (certains blocs de glace font pèse un demi-quintal…), faire pivoter l’embarcation dans la neige, la sortir des trous où elle reste plantée…

Il est 16 H 30 quand j’en termine enfin…

La brise qui s’était levée en milieu de journée est retombée. Le ciel s’est complètement dégagé, seuls quelques stratocumulus accrochent encore de rares sommets à l’ouest.

Je n’ai pas vu le soleil de la journée (d’ailleurs, ça fait peut-être 4 ou 5 jours que je ne l’ai plus vu…) car des nuages couvraient l’horizon sud.

Mais ce soir, quel bonheur de pouvoir profiter de l’absence de vent. Ce sont des moments rares en cette saison. – 11 °C, la lumière dorée du crépuscule miroite sur la baie d’Inglefield tandis que les montagnes, à l’ouest, se découpent à contrejour. Tout en buvant un soda en terrasse (le pont arrière), je profite de ces instants de calme sur ma riviera arctique…

15 janvier 2010

17 octobre - Bernadette Soubirou et ses apparitions...

Je jumelle à nouveau en direction de mon ours de la veille (je suis à 200 mètres à vol d’oiseau de l'emplacement). Je ne vois rien d’évident, mais il me semble distinguer un je ne sais quoi qui émerge du manteau neigeux et bouge par intermittance. Une vague forme qui disparait progressivement, comme recouverte par la neige transportée par le vent. Suis-je en train de me faire un film ?

Je prends Frost avec moi et marche vers la zone en question pour en avoir le coeur net. Je m’approche, regarde attentivement en gardant mes distances. Je n’ose m’avancer plus : et si l’ours était encore là, endormi sous la neige… ? C’est en tout cas la technique employée par certains vieux mâles pour se protéger lors des tempêtes… Dans mon cas, il ne s’agit peut-être que d’une lubie…

15 janvier 2010

16 Octobre - Le bout de la queue du fauve endormi

En regardant d’un peu plus prés les données systématiquement enregistrées sur le cahier de bord, il apparait que le mois d’octobre est à priori très favorable à l’observation des ours en baie d'Inglefield.

Or, depuis que je suis sur site, je n’en ai vu que deux, observé à plus de 11 jours d’intervalle. Autant dire que je ne suis pas dans les fréquences « habituelles ».

Alors, de deux choses l’une : soit l’ourse polaire cuvée 2007 boude la baie Inglefield (si c’est le cas, ne me demandez pas pourquoi…), soit je passe trop de temps à écrire ces bafouilles, le nez plongé dans la littérature spécialisée sur l’ours ou les yeux rivés sur l'écran de mon PC…

Avant de conclure un peu hâtivement à la première hypothèse, je me suis laissé dire qu’il faudrait peut-être que je jumelle davantage. Qui me dit finalement que les ours observé les années précédentes l’ont été à la pointe du bateau ou devant la niche des chiens… ? Mes prédécesseurs passaient peut-être leurs journées perchée en haut du mat, dans la vigie, jumelles au points, guettant le moindre mouvement sur la moraine...

Ok, je vais regarder un peu plus loin, avec un peu plus d’attention…

16 heures. Il neigeote. L’obscurité gagne peu à peu. Je jumelle, en particulier vers la zone de brash que le vent à pousser en rive droite du glacier. De temps en temps, j’y repère un phoque ou deux. Alors, pourquoi pas un ours ?

Mais non, rien de visible. Je rentre.

16 H 30. Je ressors sur le pont arrière. Coup d’œil rapide alentour. Là, cinquante mètres en amont de la cabane, qui se découpe sur le gris du ciel, quelque chose qui s’agite comme pour me saluer. A nouveau, jumelles : un ours est couché sur le dos, dans un trou de neige. En partie caché par le relief, je ne distingue que sa tête surmontée de ces deux petites oreilles et, de temps à autre, ses membres antérieurs qu’il étire au-dessus de lui…

Il est probable qu’il soit là depuis un moment. En allant nourrir les chiens, je suis certainement passé à 150 mètres de l'animal. Sans le repérer évidemment. Et lui, m’a-t-il vu ? Pas si sûr ,car je n’étais pas au vent…

Cette observation comme la précédente (l’ours somnolait sans broncher alors que je n’étais qu’à 20 mètres de lui ; sa fourrure était guère moins blanche que la neige qui l’entourait), me font envisager l'hypothèse suivante : de nuit, sans chien, par mauvais temps, il n’est peut-être pas si improbable de marcher sur le bout de la queue d'un fauve endormi… Certainement pas la meilleure manière de faire connaissance !

15 janvier 2010

14 Octobre - "Proto-banquise" et peau de chagin

Deux jours qu’une proto-banquise s’est formée autour du bateau. Pour aller nourrir les chiens, je délaisse l'annexe au profit de la combinaison de survie néoprène.

Le hic, c’est que près des berges, la glace est bien plus fragile, du fait – pour l’essentiel – du jeu des marées et du marnage qui en résulte.

Pas d’autres solutions que de se mettre à l’eau jusqu’au nombril, au milieu des glaçons, la carabine – dans sa housse étanche – à l’épaule, les gamelles des chiens à la main…

Ce soir, ça souffle à nouveau : « ma » banquise se réduit comme peau de chagrin… Il est très impressionnant de voir comme elle ondoie sous l’effet du vent et des vagues. A tel point, d'ailleurs, que l'on peut se demander comment la glace ploie de la sorte sans se rompre.

C’est que la glace de mer, du fait même de sa composition, est beaucoup plus élastique que la glace d’eau douce. Du coup, elle réagit comme un corps mou et visqueux.

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